mercredi 7 octobre 2009

Capitalism: a love story


Hier, Chéri et moi sommes allés voir le nouveau pamphlet de Michael Moore, non pas au Colossus (lol) mais au complexe Guzzo du Pont-Viau (une autre incursion dans le merveilleux monde de laval pour nous, donc). Une de mes collègues de travail me faisait hier la remarque que nous étions les seuls personnes qu'elle connaisse dans son entourage à toujours aimer Michael Moore. Or, ce n'est pas exactement le cas. Chéri et moi sommes de véritables boulimiques du documentaire, et ce que nous apprécions plus que tout, ce sont les documentaires divertissants. Il y en a un certain nombre, mais très peu d'entre ceux que nous avons déjà consommés se sont avérés être impartiaux. C'est pourquoi nous apprécions Micheal Moore exactement pour ce qu'il est, c'est-à-dire un pamphlétaire à la méthode et à la rigueur douteuses, qui a néanmoins le mérite d'être divertissant.

Faire une critique rigoureuse du nouvel opus de Michael Moore me semble assez compliqué parce que le film est dense (il dure plus de deux heures, un brin plus) et assez informatif (somme toute). Cela étant, il me semble que j'ai, en général, plutôt apprécié ce ballet sonore de dénonciations et d'anecdotes, fidèle au style déjà amplement commenté du cinéaste. Si, comme Chéri le faisait remarquer à notre retour, Michael Moore a la fâcheuse manie de nous dicter des émotions en abusant des close-up sur les gens qui pleurent, et qu'il utilise des raccourcis intellectuels quelque peu puérils, il faut avouer qu'il a aussi le don d'offrir des interludes ludiques à ses spectateurs qui ont un petit quelque chose de sympathique. Voir Michael Moore quadriller Wall Street avec des police line et apostropher des boursicoteurs qui sortent du métro (et qui n'ont, par ailleurs, aucune classe) pour leur demander des explications sur les dérivés et les swaps est un divertissement sans égal. Par ailleurs, Michael Moore a vraiment le sens de la trame sonore et du divertissement, et si ce ne sont pas des qualités habituellement recherchées chez les documentaristes, ce sont très certainement des qualités de grands cinéastes, et en ce sens, il faut rendre à César ce qui appartient à César (comme disait Montaigne, qui en fait, plagiait l'évangile selon Mathieu pour parler d'honnêteté intellectuelle).

Capitalism: a love story a certes de très bons points forts pour pallier à ses points faibles. Sans adopter le ton docte du film pédagogique, Michael Moore et ses intervenants réussissent à nous expliquer la crise des subprimes de façon efficace. De plus, et c'est là toute la force des films de Michael Moore, le choix des exemples est absolument agissant: des Dead Peasants aux images d'archives de Franklin Delano Roosevelt, tout est soigneusement choisi pour produire du sens dans le même sens que Michael Moore. S'il est légitime de se demander si ces dits exemples répondent à l'universalité de la thèse, il n'en demeure pas moins qu'en elles-mêmes, elles sont puissantes et impétueuses.

Finalement, il me semble important de souligner que le discours de Capitalism: a love story est un discours révolutionnaire, ce qui n'est absolument pas courant dans la société. Bien rares sont les gens qui osent prendre la parole contre l'ordre établi et appeler non plus au changement (hey, nous, Québécois, on a vu ce que ça donnait, «le changement», merci aux multiples élections) mais bien à la révolte. Si le discours révolutionnaire peut apparaître passéiste à une minorité dirigeante, il m'a semblé qu'il n'a jamais été autant d'actualité. Donner 700 milliards de dollars à Wall Street pour qu'elle continue de déposséder les gens dans la misère de leurs biens, ce n'est pas une façon saine de gérer les soubresauts d'une crise économique. Ce qu'hier, Michael Moore et cette sénatrice (dont le nom m'échappe... Chéri ?) appelait «a financial coup d'état» appelle, à mon avis, la seule réponse possible dans de telles conditions: le blitzkrieg. Il est étonnant que Michael Moore ait la lucidité de formuler cette évidence, mais il n'a malheureusement pas la crédibilité nécessaire à la conduite de cette révolte populaire. Néanmoins, Capitalism: a love story me semble être au moins un jet de pierre dans la bonne direction.

3 commentaires:

Spécialiste de l'éphémère a dit…

je suis mitigée aussi sur l'ensemble de l'oeuvre de Michael Moore, qui est capable du meilleur comme du pire.
J'ai très envie d'aller voir le film aussi.
Merci pour ce commentaire.

Marie Gauthier a dit…

Malgré tout ce qu'on peut en dire, j'aime bien Michael Moore, c'est un peu notre Falardeau. J'espère que le film se rendra en région. Merci à toi, Marie

Carocook a dit…

j'aime autant ta facon de parler que tes recettes !
Je dévore tes articles tellement bien écrit, autant que j'ai envie de dévorer tes plats tous très appétissants !
Merci.
Caroline

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